mardi 31 juillet 2007

On arrête les conneries !

Ben voilà... Ces derniers jours n'ont pas été les plus fructueux en matière de régime... J'ai un peu levé le pied, il faut bien le dire...
Mais ça ne fait rien. Juste une parenthèse...
Et donc me revoilà pleine de bonne résolution, et parole ! tonton coussin pourra être fier de moi !
euh... je dois avouer cependant que j'ai de drôles de façons de m'y remettre... ce midi, j'ai rien trouvé de mieux à faire que d'acheter un pantalon dithyrambique, sublime, très élégant, mais... TROP PETIT ! Assez grand quand même pour que je puisse l'essayer et me rendre compte qu'il est tout ce que j'ai dit... mais suffisamment trop petit pour que je ne puisse pas le fermer !!!
Donc voilà, plus le choix ! Il faut continuer... pour pouvoir parader dans mon superbe achat, et pour que tonton coussin - qui veille dorénavant à chaque seconde - soit fier de moi :-)
Oui. c'est vrai.
La parenthèse que j'évoquais plus haut comporta des événements terribles qui, bien qu'ils ne soient pas la cause de cette parenthèse (il faut rester honnête, hein :-) !) m'ont pernicieusement incité à croire que je pouvais m'autoriser à la faire durer.
Vendredi 20 juillet, grand-mamy est morte.
Vendredi 27 juillet, tonton coussin (alias Georges) est mort.
Grand-mamy est morte...
Sans bruits, sans longues souffrances, soudainement. Elle est tombée, et s'en est allée, inconsciente, quelques heures plus tard. Sans drame, après une longue vie, joyeuse et gourmande, pleine d'énergie.
Nous lui avions rendu visite une dizaine de jours auparavant, Mat et moi, avec la petite Cassiopée que nous lui avions présentée. Et cela m'a rassuré, je ne sais pourquoi.
L'enterrement a eu lieu mercredi 25 : un bel enterrement... parce que la réunion de famille qui suivit fut vivante et chaleureuse. Un rassemblement qui fait plus de bien que de peine. Un bel enterrement donc.
Je n'étais pas vraiment triste. Ce n'était pas triste : grand-papy était venu la chercher.
***
Tonton coussin est mort...
La nouvelle tombe comme un glaive. Une impossibilité qui se dresse monstrueuse et impassible; un repère qui disparaît du monde visible.
Et tout va très vite et se bouscule. Les questions (quand est l'enterrement ? comment est-ce arrivé ? a-t-il souffert ? mon passeport est-il en cours de validité ?) et les doutes (pourquoi ? pourquoi maintenant ?) et les angoisses (et moi ? et demain ? et après ?) s'entrechoquent sans logique ni répit.
Georges était l'homme le plus formidable de la terre (!)... Tout d'amour et de tendresse. Un homme solide comme un roc, ben non, pas tant que ça finalement... Une bienveillance et une protection absolue :-)
Une fois les premiers signes d'abandon passés - et les sanglots et les hoquets et la révolte - l'apaisement est proche. Sûrement, c'est lui qui veille déjà :-) Je le sais là, tout près de chacun de nous, qui nous protège et nous rassure.
***
J'ai voulu aller au Liban, pour être là, près de Jacqueline, Danielle et Philippe, et pour le saluer une dernière fois. Et puis non, ce n'était pas "raisonnable", et plus qu'une présence, cela aurait été un souci de plus pour Jacqueline.
Je suis donc restée. Maman est restée. Mathias est resté. Nous sommes restés ici, dans notre plat pays, avec notre chagrin et nos prières. Avec nos espérances réunies. Et samedi soir, je nous ai invités tous les trois au restaurant "à la santé de Georges" ! ... et ça m'a fait du bien :-)
J'ai appris vendredi soir, quelques heures après la triste nouvelle, que Xav partait, lui... sans en avoir rien dit à personne, sans même s'en soucier dirait-on. Et ça m'a mis en colère, en terrible colère; les dents serrées, en respirant à peine, et avec les yeux mouillés, j'ai écrit ceci, d'une traite et sans réfléchir :
"Alors voilà.
Je viens d'apprendre par papa que tu avais décidé sur un coup de tête de réserver un billet d'avion pour te rendre à l'enterrement... pourquoi pas...
mais sans en parler à personne, en douce, je trouve ça navrant.
Mathias m'a téléphoné ce midi pour me dire que si maman ou moi ou qqun éprouvait le besoin d'y aller, il nous offrait toutes ses maigres économies- 700 eur - juste de quoi payer un aller-retour, via british airways, après consultation sur internet, me dit-il...
Alors, oui, ça, c'est de la famille. C'est de l'amour.
En même temps, voici ci-dessous la réponse que j'ai promise et qui tourne depuis deux mois dans mes pensées quotidiennes, tant je voulais pouvoir trouver les mots justes.
Tant pis si ils sonnent faux, les voilà en vrac :
Si on part du postulat que nous nous aimons -- et nous nous aimons terriblement tous, sinon ça ne ferait pas si mal -- je pense que la question évidente n'est pas de savoir si nous voulons discuter, mais plutôt vivre.
Les douleurs, les malentendus, les maladresses, les conneries, les souffrances nés de la famille ne sont jamais que le lot de chacun, de tout être vivant et pensant, à des degrés divers cependant.
Les digérer, les surmonter, les avaler, les refuser, les colmater ou les étouffer, ... n'appartient qu'à chacun.
Et je reste persuadée qu'aucune souffrance de la sorte ne se cicatrise au sein du giron familial, mais bien à force d'un parcours personnel, de démarches auprès de professionnels, d'introspections, ou simplement au hasard d'une rencontre (mais je ne crois pas au hasard) ou d'une phrase vue sur une affiche ou de tout autre message qui nous permette d'avancer.
Donc voilà, nous voir, oui, c'est toujours possible... Inventorier le passé est stérile et débile.
Par contre, quand ta sœur t'envoie un message, à toi et aux tiens, pour se serrer les coudes devant le décès de grand-mamy, qu'elle dit non, ce n'est pas triste, qu'elle vous embrasse... Là, ça aurait eu un sens de répondre.(mais tu ne l'as pas fait).
Pour le Liban, c'est pareil. Pour tonton coussin, c'est pareil. Y aller en douce, sans même se préoccuper du chagrin des autres, sans se demander si ça ferait du bien à qqun d'accompagner, ne même pas descendre de son bunker en cas de pareille catastrophe, ou en tout cas,de réalité si abrupte, ça n'a aucun sens. Et c'est indéfendable.
Et aucune réunion familiale ne pourra jamais remplacer la vie tout simplement.
C'est cela que je demande depuis le début : nous voir et avancer, pas compter.
Ça me paraît l'évidence et la simplicité mêmes.
C'est envoyer un mot doux en cas de coup dur. C'est trouver normal, en emmenant son namoureux au resto que tu nous a fait découvrir (le liban vert) de laisser à ton intention une bouteille d'arak dédicacée en cadeau pour ton prochain passage, c'est d'être étonnée en y retournant 2 mois plus tard avec gabriel, d'apprendre que la bouteille t'y attend toujours parce que tu n'y es pas encore retourné.
L'amour et la famille, c'est ça, c'est pas la sclérose passéiste qui consiste à ne pas cicatriser tant que les autres n'ont pas daigné en baver suffisamment pour payer tous les malheurs qu'ils nous ont fait subir bien malgré eux. Devenir adulte, c'est digérer sa propre famille, pas seulement celle des autres.
Pour le Liban donc, je remercie publiquement mon tendre namoureux de sa tendre proposition, et la décline en toute simplicité parce que je pense être d'un plus grand soutien à jacqueline et aux siens après le premier choc passé, une fois que le vide commence à s'installer insidieusement.
Et je déplore publiquement cette familiarité exemplaire que tu t'efforces d'arborer, et qui n'est en fait qu'une cruelle incapacité d'exprimer le moindre amour à ceux que tu prétends tant aimer, qui - bordel !- t'auront donc fait souffrir jusqu'au bout puisque ceux-là mêmes que tu aimes tant, ne daignent même pas participer à une mascarade de merde, mais qu'ils ont tout simplement l'indécence de manifester leur affection, comme ça, au détour d'un tournant, sans même prévenir.
Alors voilà.
Les trous-du-cul aussi auront des comptes à rendre."
Note : après relecture et conseils avisés, j'ai envoyé mon mail dimanche soir, en supprimant la fin (en rouge ci-dessus)... pour ne pas provoquer l'irréversible. Et parce que le simple fait de l'avoir écrit était suffisant en fin de compte.
***
Mais puisque je vous dis qu'on arrête les conneries !
Ah ! et vous étiez prévenus ! et depuis le début !
d'ac... je reprends ce putain de régime, sous l'oeil bienveillant de tonton coussin.

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